Dans le chaos du volcan de Thor, un petit groupe d'une dizaine de guerriers affrontaient les abominations incandescentes qui peuplaient les lieux. Les traits de glaces fusaient, appuyés de coups de blizzard a à vous geler les os, s'opposant tant bien que mal aux jets de flammes dévastateurs que produisaient les monstres. De temps en temps, l'un d'eux s'effondrait pour être aussitôt remplacé par un autre, transformant cette bataille en une danse macabre, un ballet de feu et de glace qu'un œil extérieur aurait trouvé fascinant.
C'était alors qu'il faisait possible pour soutenir ses camarades et les empêcher de s'effondrer qu'on le contacta.
- "Rejoignez nous toutes affaires cessantes, nous avons des informations de la plus haute importance à vous communiquer.
- Maintenant ? Vous croyez que le moment est bien choisit ?
- Nous n'avons pas le choix, trouvez vous un endroit un peu plus calme et rejoignez nous !"
Le volcan de Thor était un point stratégique pour lequel tout Rune-Midgard se battait depuis plus d'un an maintenant et les missions effectuées dans cette zone revêtaient d'une importance bien supérieure à toutes les autres. Qu'on l'oblige à abandonner son poste ne présageait rien de bon. C'est soucieux qu'il invoqua donc un portail afin de retourner dans une zone plus civilisée.
- "Nous avons un problème. Corie est allée affronter Satan Morroc." Furent les premiers mots qu'il entendit en arrivant devant son supérieur.
- "Seule ?
- Oui. Elle est partie ce matin, nos gardes l'ont vue se diriger vers la faille dimensionnelle. Ils ont essayé de la suivre mais elle les a renvoyés à leur poste.
- Mais qu'espérait-elle faire contre lui ? Même à 20 contre lui, nous ne pourrions même pas le blesser !
- Parce que vous croyez peut-être que je l'ignore ?! Dès que les gardes m'ont rapporté ses actes, j'ai envoyé ma garde personnelle, mes douze meilleurs soldats à sa rescousse. Un seul m'est revenu !
- Et Corie, a-t'on retrouvé son corps ?
- Le soldat survivant l'a ramenée. Elle était à la limite de la mort, complètement exsangue. Elle est maintenant sauvée physiquement.
- Comment ça "physiquement" ? Que voulez vous dire !
- Lorsque elle est arrivée ici, elle délirait complètement, murmurant des phrases incompréhensibles, elle ne semblait même pas se rendre compte de notre présence. Nous pensions qu'une fois rétablie physiquement, ces symptômes disparaitraient d'eux même, mais ce n'était pas le cas. Nous avons trouvé des notes dans sa chambre, elle avait apparemment quelque-chose à se reprocher, quelque chose qui l'obsédait depuis quelques mois. Se termes sont assez confus, comme si elle ne savait pas bien elle-même de quoi elle parlait. Ce qui est certain en tout cas, c'est qu'elle a cherché à vous contacter de nombreuse fois, qu'elle a même essayé de venir vous voir personnellement, mais que vous n'avez jamais répondu à ses demandes."
Il se remémora alors les appels désespérés que Corie lui avait lancés. A la réflexion, elle paraissait torturée à ces moments là, comme si un grand vide l'habitait et qu'elle avait besoin de lui pour s'en sortir. Et lui, lui, il n'avait vu que ses propres problèmes, il n'avait pas voulu l'écouter, l'envoyant à chaque fois bouler vertement, estimant que la façon dont elle s'était conduite envers lui auparavant lui donnait le droit de l'ignorer. Pourquoi n'avait-il rien vu ? Pourquoi n'avait-il pas vu qu'il l'aimait toujours, pourquoi ne l'avait-il pas aidée, sachant pertinemment qu'il avait été son seul pilier, sa seule accroche à l'existence, et qu'en se retirant ainsi de sa vie, il lui retirait par là même toute raison de vivre ?
- "Puis-je la voir ?" demanda-t'il dans un souffle.
- "C'est pour ça que nous vous avons appelé. Nous avons besoin que vous lui parliez. Vous semblez être le seul qui puisse la faire revenir à la raison. Elle est dans cette pièce."
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Je suis entré, et je l'ai vue. A mon entrée, son visage s'est illuminé. J'ai esquissé un sourire. Dans ma tête, tous mes repères s'effondraient. Comment avais-je pu la laisser faire ça ? Comment avais-je pu ne pas voir sa détresse ? Pourquoi n'étais-je pas intervenu ? Pourquoi ? Comment ? Qu'est-ce qu'il m'a prit ? Ces questions tournoyaient en moi, me remplissaient de larmes et de rages. Je n'avais rien fait. Rien. Rien. RIEN ! Un sentiment de honte m'envahissait, je ne pouvais plus penser à rien d'autre qu'à ces quelques mots : "Je l'aimais et je l'ai abandonnée." Rien d'autre n'existait en moi que cette phrase, et je ne voyais rien d'autre que son visage, et je me sentais nul. Insupportablement nul. Ce sentiment de honte grandissait en moi, menaçant de déborder, m'obnubilant de sa présence et détruisant toute trace de mon égo sur son passage. Mes actes étaient inacceptables, indignes d'un être humain, et jamais plus je ne pourrais me regarder de la même manière.
Nous avons parlé. Longtemps. Elle m'a raconté ce qu'elle avait fait depuis notre séparation. Elle m'a raconté comment le désespoir l'avait peu à peu envahit, comment les crises d'angoisse avaient fini par rythmer sa vie, la faisant vivre dans une crainte perpétuelle, comment ces crises avaient fini par retourner tous ses amis contre elle, comment elle s'était retrouvé isolée, et comment elle avait décidé de mettre fin à ses jours. Elle m'a raconté tout cela, et je l'ai écoutée, saisi d'une sorte de fascination morbide devant ce que mon départ avait engendré.
Voici ce qu'elle m'a raconté, ou du moins ce que je me permettrai de raconter ici.
suite à venir
Sujet: Lames de rasoir 
Ven 20 Mar - 5:48
